Il était une fois une petite fille trop gentille.
C’est ce qu’on lui avait toujours dit.
À force de l’entendre, elle était persuadée que c’était l’un de ses plus gros défauts.
Et si finalement, la gentillesse était son super pouvoir ?
La naissance non désirée.

Cette petite fille trop gentille naquit dans une famille qui ne l’attendait pas. Une famille qui ne voulait pas d’elle.
Deux parents qui se connaissaient à peine et qui étaient bien trop jeunes pour gérer la responsabilité d’un enfant. C’est certain, ils auraient préféré que la petite fille trop gentille ne voie jamais le jour.
Les parents de ces jeunes gens en décidèrent autrement.
Ils allaient donc former un couple et accueillir ce bébé.
Un début de vie parsemé de violence.



Le père de la petite fille trop gentille buvait beaucoup et était très violent. Assez rapidement, ses jeunes parents se séparèrent.
Parfois, son père venait la chercher pour l’emmener chez lui.
C’était un déchirement. Elle pleurait et hurlait.
Elle ne comprenait pas pourquoi son père passait la chercher, car chez lui elle passait son temps enfermée dans une pièce.
Une pièce sans décoration, sans meubles et sans lit.
Seul un matelas à même le sol lui servait de lit. Sa valise lui servait de garde- robe. Sa porte était verrouillée de l’extérieur. Il n’y avait aucune distraction, aucun jeu, aucun contact.
Il n’y avait qu’elle, seule dans cette chambre vide durant de longues heures.
La petite fille trop gentille faisait de son mieux pour rester discrète et éviter de contrarier son père. Parfois, cela fonctionnait, parfois pas …
Être une petite fille trop gentille était sa meilleure protection.
Quelques années plus tard, la petite fille trop gentille fut soulagée. La justice avait rendu son verdict : son père ne viendrait plus jamais la chercher.
Une jeunesse sans affection.



La maman de la petite fille trop gentille faisait ce qu’elle pouvait avec ce qu’elle avait.
Mais la petite fille trop gentille le savait, sa maman regrettait son arrivée.
Elle le lui avait dit. « Ma vie serait plus heureuse sans toi ».
La petite fille trop gentille se sentait coupable. Coupable d’avoir gâché la vie de sa mère. Coupable d’être là.
Alors elle décida d’être une petite fille trop gentille.
Bien décidée à prouver, à sa mère, qu’elle était une petite fille parfaite, elle travaillait bien à l’école, elle contrariait rarement, elle était calme et elle parlait très peu.
Être une petite fille trop gentille était la meilleure façon de recevoir de l’amour de sa mère.
Malgré cela, la petite fille trop gentille n’a jamais reçu l’amour qu’elle espérait venant de sa mère.
Le harcèlement.



Être une petite fille trop gentille ce n’est pas simple tous les jours.
Surtout avec les autres enfants.
En maternelle, la petite fille trop gentille fut violentée dans la cours de récré.
Un groupe de filles bien plus grandes qu’elle la bloquaient régulièrement dans un coin pour la pousser, l’insulter et se moquer d’elle.
La petite fille trop gentille a même une fois chuté du haut d’un toboggan. Elle n’était pas responsable de sa chute …
« Défends-toi » lui disait sa mère. « C’est de ta faute, ne te laisse pas faire ».
Mais la petite fille trop gentille ne savait pas comment se défendre et ne comprenait pas comment ne pas se laisser faire. Être trop gentille, c’était son mode de fonctionnement. Elle ne comprenait pas pourquoi tous les enfants n’étaient pas gentils entre eux.
Elle, elle voulait être gentille avec tout le monde.
C’est la première fois que la petite fille trop gentille entendit ces mots : « tu es trop gentille »
Elle comprit alors : être trop gentille ne l’aidait pas, bien au contraire, c’était son plus gros défaut.
Plus tard, deux autres épisodes de harcèlement (l’un à l’adolescence et l’autre à l’âge adulte) viendront confirmer cela : être trop gentille, ça craint !
Plutôt que d’être trop gentille, n’être rien.



La petite fille trop gentille a essayé de changer.
D’être moins gentille.
Les défauts ça se changent après tout.
Chaque essai fut un échec.
Alors, la petite fille trop gentille décida que la meilleure façon de se protéger était de ne plus être.
Elle décida de s’effacer, tant qu’elle le pouvait, aux yeux de tous.
Ne pas parler.
Marcher d’un pas léger.
Longer les murs.
S’isoler.
Se rendre transparente.
N’être rien.
Développer l’observation et l’écoute.



La petite fille trop gentille est alors devenue une adolescente transparente. Son passe-temps favori était d’observer.
Elle observait les gens autour d’elle et essayait de comprendre leur mode de fonctionnement.
L’observation est devenue l’une de ses compétences.
Elle remarquait que les différences étaient critiquées voire rejetées.
Pourtant, l’adolescente transparente trouvait chaque personne intéressante.
Elle voyait de la beauté dans chaque être humain qu’elle rencontrait.
Chaque individu est unique. Dès lors, pourquoi le rejet ?
Parfois, elle rencontrait de gentilles personnes qui venaient lui parler.
Petit à petit, elle s’est même créé un cercle de connaissances avec qui elle passait du temps.
Elle gardait néanmoins ses distances, car elle ne voulait pas que les gens voient son défaut et en abusent.
Être transparente était sa priorité.
Alors, elle écoutait surtout les autres parler de leur vie.
L’écoute est devenue une autre de ses compétences.
De temps en temps, elle rencontrait des personnes exclues à cause de leur différence.
Alors, c’était plus fort qu’elle : elle essayait de les approcher (tout en gardant une distance de sécurité) et de leur donner un mot ou une gentille attention.
Elle allait avoir vraiment beaucoup de mal à se débarrasser de son défaut !
Le caméléon.



L’adolescente transparente, à force de s’effacer, observer et écouter était devenue une adulte caméléon.
L’adulte caméléon vit uniquement à travers le regard des autres.
Elle n’est personne et tout le monde à la fois.
Souvent vue comme une personne timide, elle passait toujours par une phase de mise en retrait et d’observation des personnes qui l’entourent.
Elle était plus à l’aise dans les duos car cela lui permettait de se mettre au diapason de son interlocuteur.
En groupe, elle restait silencieuse.
On pourrait penser qu’il s’agit de manipulation, mais pas du tout. L’adulte caméléon ne voulait que le bien de l’autre.
Elle était appréciée de tous.
Son plus grand souhait : être aimée.
Sa plus grande peur : être rejetée.
L’adulte caméléon prenait chacune de ses décisions en fonction de l’autre, incapable de savoir ce qu’elle désirait au fond d’elle.
Elle taisait chaque émotion au fond d’elle pour répondre aux demandes des autres.
Elle subissait sa vie.
Le burn-out.



Cette permanente sur-adaptation de l’adulte caméléon consomme énormément d’énergie.
Observer, analyser, s’adapter, taire ses émotions, taire la fatigue, tout ceci est un exercice de force.
À cela s’ajoute un perfectionnisme autant personnel que professionnel, une soif d’apprendre, une soif de comprendre, un besoin de sortie de zone de confort permanent et un cadre professionnel toxique.
Donnant sans relâche et recevant très peu en retour, l’adulte caméléon finira par se cramer de l’intérieur.
La renaissance de l’adulte trop gentille .



La petite fille trop gentille, l’adolescente transparente et l’adulte caméléon, c’était moi.
Le burn-out m’a apporté la possibilité de me consacrer 100 % à moi-même.
Cet arrêt obligatoire que m’a offert mon corps a été le moment propice pour enfin découvrir qui je suis vraiment.
Si tu le souhaites, je t’explique une partie de ma démarche dans cet article.
Ma soif d’apprendre et de comprendre m’a conduit à m’investir dans le développement personnel. Chaque petit moment d’énergie y était consacré.
J’ai compris ce qui m’avait conduit à devenir un adulte caméléon, pourquoi, pendant des années, j’ai voulu être transparente.
J’ai surtout compris que la petite fille trop gentille est toujours là, au fond de moi.
Aujourd’hui, j’accepte et je suis fière d’être une adulte trop gentille!
Je n’ai plus à subir ma vie.
Et ça ! Je t’assure que cela a tout changé !
Crois-le ou pas, je pensais ne pas avoir le choix.
« Les choses sont comme elles sont. »
« On n’a pas le choix. »
Tu connais ce discours ?
Aujourd’hui, ce n’est plus le mien.
Et puis, j’ai encore des choses à découvrir :
« pour guérir du burn-out, faites-vous plaisir » disent les spécialistes.
Me faire plaisir?
C’est quoi? Je ne connais pas!
Cette partie-là ne sera pas la plus simple à faire émerger.
Première victoire : j’ai découvert que j’aimais écrire. Même si je vous l’accorde, je suis encore loin d’avoir le prix Pulitzer 🙂
À toi, la petite fille trop gentille.



À toi, la petite fille trop gentille, je voulais te dire :
sache que ta présence dans ce monde est un événement heureux.
Tu propages autour de toi bienveillance et respect.
De par ton écoute et ton empathie, tu donnes à chaque être humain la place qu’il mérite.
Être trop gentille est ton super pouvoir.
N’écoute pas les gens qui disent qu’être gentille est une faiblesse.
Ces gens n’ont pas compris que pour être qui tu es au quotidien il faut être forte.
Donner sans compter, maîtriser tes ressentis, ressentir l’autre et t’adapter en toutes circonstances te donne le pouvoir d’apaiser le chaos dans lequel nous vivons.
L’altruisme est ton arme de bonheur massive !
Surtout ne la cache pas.
Je ne veux pas faire partie d’une monde où être gentil est une faiblesse.
Keanu Reeves
PS : si tu le souhaites, laisse-moi un commentaire sous cet article. Tu peux également t’inscrire ci-dessous afin d’être informé de la prochaine publication. D’ici le prochain article prend bien soin de toi et surtout, écoute ton enfant intérieur ♥
2 Responses
Bravo pour ce texte qui est très profond et très touchant ! Je suis sur que beaucoup s’y reconnaîtrons et tu leur (nous) offre une belle vue sur l’avenir ! Continue sur ta lancée, ton super-pouvoir est magnifique ?
Merci pour ton message qui me touche beaucoup Aurélie! On a tous des super-pouvoir à révéler/accepter 🙂